lundi 6 août 2007

La roue qui tourne

« Les parents ne sont pas seulement nos pères et nos mères, ce sont des humains qui meurent. Des souvenirs pénibles s’effacent. »

Gil Courtemanche, Une belle mort, Boréal. p. 203
Depuis plus de quinze mois (sans compter les autres qui m’ont lentement préparés à accepter ce fait), je suis le père d’une jolie et pétillante fille. Mon nouvel état m’apporte mille joies, il va sans dire.

La vie de parent à cela de particulier qu’elle nous confronte à un doux paradoxe. Autant on célèbre la vie en cajolant et en prenant soin de notre enfant, autant celui-ci nous renvoie à notre propre mortalité. À notre fin, qui nous attend dans le détour.

En même temps que je m’émerveille chaque fois à tenir dans mes bras cette petite personne, à la bercer et à l’accompagner avant qu’elle ne trouve le sommeil contre moi autant je sens la grande Faucheuse qui affûte son instrument derrière mon fauteuil berçant.

Je n’ai jamais été aussi près de mes parents que depuis que je suis moi-même père. Bien sûr, j’étais bien plus près physiquement lorsqu’ils vivaient.* Psychiquement et spirituellement par contre, je comprends des choses dont je ne pouvais comprendre avant de sentir ce petit souffle calme et régulier contre mon cou.

C’est maintenant, à 36 ans, après plus de 21 années sans ma mère que je m’ennuie vraiment d’elle. C’est plus de huit ans sans mon père que je me sens vraiment orphelin.

C’est avec un enfant de 15 mois dans les bras que je me sens aussi sur la pente descendante. Et vous savez quoi? Je ne me suis jamais senti aussi en vie qu’en ce moment même!

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